Un parc emblématique au cœur du Congo

le Gorille de Grauer Mubalala
une photo de carlos shuller
Créé en 1970 dans l’Est du Zaïre (aujourd’hui RDC), le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) fut pensé dès ses débuts comme un sanctuaire pour protéger le gorille de Grauer, une espèce endémique et emblématique. D’une superficie initiale de 60.000 hectares, il sera agrandi en 1975 à plus de 600.000 hectares, devenant ainsi l’une des plus vastes aires protégées d’Afrique centrale.
Classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, le PNKB abrite une biodiversité unique qui va des forêts de montagne aux plaines de basse altitude.
La coopération Internationale: un tournant décisif
En 1985, un projet de coopération IZCN/GTZ (Institut Zaïrois pour la Conservation de la Nature et Coopération allemande) marque un tournant dans la gestion du parc. Ses objectifs :
Habituer de nouveaux groupes de gorilles à la présence humaine,
- Améliorer le tourisme durable,
- Sensibiliser les populations locales via une émission radio hebdomadaire,
- Intensifier la lutte contre le braconnage (plus de 500 pièges détruits en deux ans),
- Créer une synergie entre les autorités locales et les gestionnaires du parc.
Le récit du gorille Mubalala
Symbole de cette époque, un dos argenté baptisé Mubalala (qui signifie “agresseur” en mashi) joua un rôle clé.
- Au départ farouche, il réagissait avec force aux tentatives d’approche des chercheurs.
- Après des mois de patience et d’observations, son comportement s’adoucit.
- En mars 1987, Mubalala et sa famille furent officiellement présentés à des visiteurs, marquant un succès historique dans l’écotourisme congolais.
Cet exploit permit de réduire la pression touristique sur les deux autres familles habituées et contribua à renforcer la réputation internationale du PNKB.
Conservation et développement: un même combat
La deuxième phase du projet (1988-1991) mit l’accent sur un principe toujours d’actualité :
“La conservation ne doit pas être un obstacle au développement rural, mais un levier pour les générations futures.”
Il s’agissait d’intégrer le parc dans une vision plus large de développement agricole et communautaire, afin que la population locale se sente partenaire de la conservation plutôt que spectatrice.
Un héritage vivant pour l’Afrique d’aujourd’hui
L’expérience de ces années pionnières reste une source d’inspiration :
- Elle démontre que la conservation réussit grâce à une alliance entre science, coopération internationale et communautés locales.
- Elle rappelle que la patience et la persévérance sont essentielles dans la protection d’espèces aussi sensibles que les gorilles.
Aujourd’hui encore, alors que le PNKB fait face à des défis sécuritaires et environnementaux, cet héritage éclaire les choix de gestion et nourrit l’espoir d’une conservation durable au cœur du Congo.
Rédaction inspirée de Mankoto ma Oyisenzoo, Cahiers d’Éthologie appliquée, 1988


